Le vieil homme, qui n'était pas bien grand, se fraya un chemin dans la foule qui s’amassait autour de l’événement de l’après-midi.
Bousculant quelques badauds, il se positionna au premier rang pour contempler la scène : les fées d’artifice volaient haut dans le ciel, les ours se dressaient et les pandawas portaient des troncs d’arbre entiers. C’était un spectacle grandiose et intéressant… jusqu’à qu’un ours ne décide de lorgner le petit homme d’un œil gourmand.
Affolé, l'énutrof s’échappa de la foule plus vite qu’il n’y était rentré, et décida judicieusement de prendre un zaap pour semer son poursuivant, qui probablement avait été retenu par l’imposante chaîne en fer qui le tenait attaché à un piquet solidement ancré.
Mais Mowa, c’était le nom du jeune couard, appliquait ce que son père avant lui avait toujours appliqué : dans le doute, fuyons. Ça avait valu à son paternel de franches moqueries, mais aussi une vie très longue.
Une fois téléporté en d’autres lieux, Mowa vint se cacher en haut d’un frêne, passant en trombe devant un groupe d’aventurier quelque peu surpris de la course effrénée du nain. Mais ils semblaient avoir l’habitude de ce genre de choses, car ils ne s’en soucièrent pas bien longtemps.
Une fois dans le feuillage, le petit homme remua. Peut-être avait-il des origines félines, car il ne savait plus comment redescendre. Il interpella les gens plus bas.
« Hé ho ! S’il vous plait quelqu’un ! On peut me descendre de là ? Snif ! »
Un sram perfide le regarda en riant, sans pour autant l’aider. En face, un xélor entièrement momifié en train de pester contre les démons et d'agiter son marteau en l'air ne réagissait pas, comme si son esprit était dans une autre dimension. Un féca atypiquement habillé qui faisait une partie de carte avec un crâ aux airs forts se décida à donner un coup de bâton nonchalant dans le tronc du frêne : les vibrations firent tomber l'énutrof.
Il remercia chaleureusement ce dernier, jeta un regard froid au sram moqueur, et passa une main devant les yeux du xélor sans provoquer de réaction. Et il repartit, mitigé quant à l’idée qu’il devait avoir de ces aventuriers : sont-ils moqueurs, sont-ils indifférents ou alors ont-ils le cœur sur la main ? Tout ceci semblait aussi hétérogène qu'intriguant.
Et Mowa était curieux, et à plusieurs reprises vint observer les membres du Gntsuki, leurs habitudes, leur dialecte. Il en fut agréablement surpris, l’hétérogénéité du clan ne semblait pas lui nuire outre-mesure, et il pensait même que ça pouvait faire sa force.
C’est pourquoi il décida de venir postuler, timidement, et espérant au moins ne pas être refoulé comme un mal-propre : bien que pleutre, le vieil homme avait honneur et orgueil !
Il joint à sa lettre de motivation qui expliquait comment il avait connu la team Gntsuki un rapide CV où l’on pouvait découvrir que l'énutrof maniait avec efficacité l'élément aqueux, mais rechignait souvent à se débarrasser de ses précieuses pièces pour affaiblir l'adversaire.
Il glissa cette lettre sous la porte du repère et fila discrètement, car il avait aperçu à l’intérieur un grand sadida aux cheveux mauves qui n’avait pas l’air commode et qui s’inquiétait du bruit à l’entrée.
[HRP] Voilà c't'un énu chance 42 de tout ce qu'il y a de plus banal. [/HRP]